Rien ne permet de dire que les enfants vaccinés puissent mourir à cause des vaccins contre la covid-19

Il n’existe pas de preuves scientifiques suffisantes pour assurer que le virus de la grippe est plus dangereux pour les mineurs que le SARS-CoV-2


Verificat

Vous nous avez fait parvenir l’adresse d’un site Internet qui diffuse les déclarations d’une personne qui s’identifie comme étant Vladimir Zelenko et qui est présenté comme étant médecin. Celui-ci assure que la grippe est plus dangereuse pour les enfants que la covid-19, et il affirme, citant un ex-employé de Pfizer, que « pour un million d’enfants, 100 mourront à cause des vaccins ». Il n’existe pas de preuves scientifiques suffisantes pour assurer que le virus de la grippe est plus dangereux pour les mineurs que le SARS-CoV-2, et il n’existe pas non plus de preuves pour appuyer les chiffres de mortalité avancés par V. Zelenko. 

« Le virus de la grippe est plus dangereux pour les enfants que celui de la covid et [le docteur Yeadon] estime que pour un million d’enfants, 100 mourront à cause des vaccins. Je pense qu’on peut raisonnablement dire que ce chiffre sera plus important. »

Ce prétendu médecin indique au début de son affirmation que le virus de la grippe « est plus dangereux pour les enfants que le virus de la covid » et, par ailleurs, il avance que les vaccins présentent un risque plus important pour eux que le fait de contracter la maladie. Pour appuyer ses propos, il cite le pronostic de Mike Yeadon, ex-employé du laboratoire Pfizer dont nous avions déjà démenti des allégations. 

Cependant, il n’existe aucun élément scientifique qui permette d’affirmer que 100 enfants sur un million décéderont à cause des vaccins contre la covid-19. Comme nous l’avions déjà expliqué, aussi bien le vaccin de Pfizer comme celui de Moderna ont subi des essais cliniques et sont administrés dans des pays comme les États-Unis, l’Espagne, la France, l’Autriche. Il est vrai que de rares cas de myocardite ont été rapportés dans cette tranche d’âge, mais leur fréquence est plus faible que dans le cas de l’infection naturelle par contagion, selon les informations du ministre espagnol de la Santé, publiées dans une brochure informative de vulgarisation. 

Le 16 juillet 2021, les Centres de contrôle et de prévention des maladies des États-Unis (CDC) soulignaient que 397 cas de myocardite avaient été signalés à la suite de l’administration des vaccins à près de 9 millions de jeunes âgés de 12 à 18 ans, et qu’aucun de ces cas n’avait entraîné de décès. Les données proviennent du système de pharmacovigilance américain (VAERS) qui, comme nous l’avions déjà expliqué, enregistrent les événements indésirables postérieurs à la vaccination, indépendamment de leur relation avec celle-ci. Le système a enregistré un total de 14 décès de mineurs après l’administration des vaccins, mais aucun de ces cas n’a été mis en lien avec la vaccination. 

Contrôle de la maladie

Bien que le risque de mourir à cause de la covid-19 ou de développer une forme grave de la maladie soit inférieur chez les mineurs par rapport aux autres tranches d’âge, il est important de vacciner cette partie de la population, comme l’expliquent les CDC américains sur leur site Internet, « afin de [les] protéger et de participer à la protection contre la covid-19 ». 

Juanjo García, chef du service Pédiatrie de l’Hospital Sant Joan de Déu de Barcelone (Espagne), explique ainsi à Verificat : « Nous sommes dans le contexte d’une pandémie, et nous ne pourrons pas contrôler l’infection sans qu’une grande partie de la population soit vaccinée, et cela concerne également les enfants ». Il prend pour exemple la situation du mois de juin 2021 en Catalogne/Espagne, période au cours de laquelle l’incidence a explosé au sein de la population jeune qui, en majorité, ne s’était pas encore fait vacciner : « Si nous devions de nouveau faire face à un groupe de personnes exposées parce que non vaccinées, nous pouvons être certains que les services de santé seront de nouveau saturés ».

La grippe et la covid-19

Par ailleurs, on ne dispose pas de suffisamment de preuves scientifiques permettant d’affirmer que la grippe serait plus dangereuse pour les enfants que la covid-19. Un article publié en septembre 2021 suggère que les mineurs sont plus susceptibles d’entrer en soins intensifs en cas d’infection par le virus de la grippe que par le virus de la covid-19, mais il soulignait également qu’il était nécessaire d’effectuer des essais à grande échelle afin d’obtenir des résultats précis, et que l’échantillon qui avait été utilisé était très limité (164 patients atteints de la covid-19 et 46 de la grippe). 

Une étude publiée dans le British Medical Journal, réalisée sur la population britannique en 2016, estimait le taux de mortalité due au virus de la grippe chez les mineurs entre 1997 et 2009 à 19 décès annuels. À titre de comparaison, un article de la revue Nature compilant les résultats de trois prépublications en est arrivé à la conclusion que la covid-19, dans sa première année (jusqu’au 28 février 2021), avait coûté la vie à 25 jeunes de moins de 18 ans en Grande-Bretagne. 

« La mortalité liée à ces deux maladies est extrêmement faible dans un cas comme dans l’autre » en ce qui concerne cette tranche d’âge, explique l’expert, qui précise par ailleurs que « certains enfants souffrant de pathologies préexistantes très graves, avant tout d’origine neurologique, présentent effectivement une évolution défavorable » dans le cas de la grippe. 

Programmes de vaccination contre la grippe

Par ailleurs, divers pays ont mis en place des programmes annuels de vaccination contre la grippe destinés aux mineurs afin de réduire le nombre de formes graves de la maladie. C’est ainsi le cas des États-Unis, dont les CDC recommandent que « l’ensemble des enfants de plus de 6 mois soient vaccinés contre la grippe saisonnière chaque année », en mettant l’accent sur les enfants de moins de 5 ans. De même, d’autres pays, notamment l’Australie (en particulier pour les enfants âgés de 6 mois à 5 ans) et le Royaume-Uni (enfants âgés de 2 à 15 ans) recommandent la vaccination de certains groupes de mineurs.

Ce n’est pas le cas de l’Espagne, comme l’indique l’Association espagnole de pédiatrie, qui ne recommande « la vaccination annuelle [que] chez les enfants souffrant de maladies qui les rendent plus exposés à des complications », comme l’asthme, le diabète, certaines maladies rénales, les maladies du système immunitaire, l’obésité, etc. De plus, cette année, elle a ajouté aux groupes à risque les personnes présentant des séquelles neurologiques et respiratoires dues à la covid-19. Le système de santé [espagnol] ne finance pas la vaccination pour le reste de la population mineure, mais elle n’est pas pour autant contre-indiquée : « La vaccination annuelle des enfants sains est une possibilité à évaluer par les familles », indique l’association sur son site Internet.