Il n’est pas démontré que la consommation d’aliments alcalins permette de combattre le coronavirus

La consommation d’aliments plus alcalins que le virus ne présente pas d’effets positifs démontrés dans la lutte contre le virus


Verificat

Dans un message circulant sur WhatsAspp attribué à Adrián Flores, qui prétend être infectiologue, figure une liste d’aliments qui aideraient à traiter la covid-19 en cas d’infection. L’auteur parle de produits « plus alcalins, au-dessus du niveau d’acidité du virus » et dont le pH « varie de 5,5 à 8,5 ». Cette information est FAUSSE. La consommation d’aliments plus alcalins que le virus ne présente pas d’effets positifs démontrés dans la lutte contre le virus. 

« Il faut savoir que le pH du coronavirus est de 5,5 à 8,5. Ainsi, il suffit pour l’éliminer de consommer davantage d’aliments alcalins, au-dessus du niveau d’acidité du virus, comme les bananes, le citron vert → 9,9 pH ; le citron jaune → 8.2 pH , l’avocat – 15,6 pH ; l’ail – 13,2 pH ; la mangue – pH 8,7 ; la mandarine – 8.5 pH ; l’ananas – 12,7 pH ; le cresson – 22,7 pH ; les oranges – 9.2 pH. » 

Parmi les désinformations, certaines sont cycliques, et celle qui concerne les aliments alcalins comme prétendu traitement contre la covid-19 en est un bon exemple. Elle circule quasiment depuis le début de la pandémie, et son absence de fondement a été démontrée à de nombreuses reprises. La structure du message est pratiquement identique à celle d’autres messages déjà réfutés aussi bien par Verificat que par d’autres agences de vérification du monde entier. Il associe des messages officiels de prévention – porter le masque, respecter la distance de sécurité, rester à la maison – à d’autres messages dont le fondement scientifique est faible ou nul, comme la consommation d’aliments prétendument alcalins ou la consommation d’ivermectine en tant que traitement contre la covid-19. 

Verificat a essayé d’entrer en contact avec un infectiologue dont le prénom, le nom de famille et le lieu de résidence coïncident avec les informations figurant dans cette désinformation afin de vérifier s’il était l’auteur de ce message, mais nous n’avons reçu aucune réponse.

Un message contradictoire 

Le pH définit la quantité d’acidité ou d’alcalinité d’une solution, ce qui est lié aux ions d’hydrogène qu’elle contient, raison pour laquelle « pH » signifie « potentiel hydrogène ».

Il est représenté sur une échelle allant de 0 à 14, mise au point il y a plus d’un siècle par un biochimiste danois, le 0 étant l’acidité extrême et 14, l’alcalinité extrême. Le point neutre est le chiffre 7, pH que présentent des éléments tels que l’eau. 

Sachant cela, on peut comprendre dans quelle mesure ce message est erroné. Dans la liste que A. Flores aurait élaborée figurent des aliments qui, d’après lui, présentent un pH supérieur à 14 (l’avocat aurait un pH de 15,6 et le cresson, de 22,7), ce qui est impossible, l’échelle s’arrêtant à 14. 

Le pH de l’organisme ne dépend pas de ce que nous ingérons 

Le pH de notre organisme varie considérablement d’une zone à l’autre, l’acidité la plus élevée se retrouvant dans l’estomac (pH allant de 1,35 à 3,5), ce qui contribue à la digestion et protège l’organisme des microbes. La peau ou le vagin sont d’autres « points chauds », où le pH est particulièrement bas. Le sang présente un pH situé entre 7,35 et 7,45, dont la régulation est assurée par divers mécanismes de l’organisme

Comme nous l’explique Juan Pablo Horcajada, chef du service des maladies infectieuses et coordinateur général covid-19 de l’Hospital del Mar (Barcelone, Espagne) : « Le pH du sang ne peut pas être modifié par l’ingestion d’un aliment ». L’expert ajoute qu’il existe des aliments qui peuvent légèrement modifier le pH de l’urine, « ce qui n’a aucune influence sur le virus », mais pas le pH de l’organisme. Ainsi, les régimes alcalins (qui prétendent nettoyer l’organisme et contribuer à la prévention du cancer), ne disposent d’aucune base scientifique. 

Anna Vilella, consultante adjointe du service de médecine préventive et d’épidémiologie de l’Hospital del Mar (Barcelone, Espagne) est catégorique : « Les aliments ne peuvent pas éliminer le virus. Il s’élimine tout seul, l’organisme l’élimine, ou c’est un médicament qui l’élimine ».