Non, les vaccins n’ont pas causé 14 000 décès en Europe

Les événements qui sont survenus après la vaccination n’ont pas forcément de lien avec elle, même s’ils sont survenus après


Verificat

Vous nous avez fait parvenir un article du site Internet Euskalnews qui, se référant à la base de données d’EudraVigilance, affirme que « 13 867 personnes sont mortes et 1 354 336 ont souffert de lésions » en Europe en raison de la campagne de vaccination contre la covid-19. Cette information est FAUSSE. Il n’y a pas eu ce nombre de décès en Europe, pas plus que ce nombre de personnes lésionnées en raison des vaccins. La base de données européenne EudraVigilance recense les incidents ayant eu lieu après la vaccination, sur la base des notifications effectuées par la population ou par les autorités sanitaires de chaque État membre, mais en aucun cas les cas rapportés ne présentent un lien attesté de cause à effet. En d’autres mots, les événements qui sont survenus après la vaccination n’ont pas forcément de lien avec elle, même s’ils sont survenus après.

« En Europe, à la date du 5 juin, 13 867 personnes sont mortes et 1 354 336 ont souffert de lésions en raison du vaccin [sic] COVID-19, selon EudraVigilance, une base de données européenne de notifications des réactions suspicieuses aux médicaments. »

La logique que suit la base de données d’EudraVigilance est pratiquement identique à celle du site américain VAERS, dont nous avions déjà parlé précédemment. Il s’agit de portails de pharmacovigilance qui ont pour objectif de notifier « les événements médicaux qui ont été observés après l’administration d’un traitement médical, mais qui n’ont pas nécessairement de relation avec celui-ci ni n’ont pas nécessairement été causés par ce traitement », comme l’explique l’avertissement figurant sur le site européen.

Ainsi, les cas recensés sur ces sites et la vaccination coïncident bien dans le temps, mais ces cas n’entretiennent pas pour autant de relation causale avec la vaccination.

Ces données proviennent normalement des laboratoires pharmaceutiques et des autorités de réglementation des médicaments des différents pays. Dans certains pays, comme en Espagne ou en France, les citoyens peuvent communiquer directement aux autorités les effets secondaires dont ils ont souffert, sans avoir à consulter au préalable un professionnel de santé. À leur tour, ces autorités remettent ces informations à la plateforme européenne. Contrairement à ce qu’il est possible de faire dans le cas du portail américain VAERS, il n’est pas possible de notifier directement les cas à EudraVigilance.

Le site européen avertit du fait que son pouvoir de contrôle quant à l’exactitude des données transmises est limité. Il insiste également sur le fait que les effets secondaires présumés ne doivent pas être interprétés comme une remise en cause de la sécurité du traitement en question.

Des données peu précises

Par ailleurs, les données présentées dans le texte manquent de précision. Ainsi, le texte évoque le chiffre d’1 354 336 personnes qui auraient communiqué un effet secondaire (lié ou non aux vaccins) à la date du 5 juin 2021, mais ce chiffre correspond en fait au nombre total de réactions notifiées (il arrive qu’un patient notifie plusieurs effets secondaires, raison pour laquelle le nombre de personnes concernées est généralement plus faible).

De plus, si l’on consulte le site Internet d’EudraVigilance lors de sa dernière actualisation (au 26 juin), il y est fait état d’un total de 628 586 patients ayant notifié des effets secondaires présumés, dont on pense qu’ils pourraient avoir un lien avec le vaccin de Pfizer, Moderna, AstraZeneca et Janssen, soit moins de la moitié du chiffre avancé par ce texte.

De l’ensemble des événements recensés, 13 867 ont eu une issue fatale, selon l’article d’Euskalnews, donnée qui coïncide avec celle d’EudraVigilance. En revanche, ce nombre n’a aucun lien avec le véritable nombre de décès liés aux vaccins : « Pour le moment, l’unique cause de décès liée aux vaccins, en particulier aux vaccins d’AstraZeneca et de Johnson & Johnson, est probablement la thrombose veineuse avec thrombocytopénie », indique à Verificat Adelaida Sarukhan, immunologue et rédactrice scientifique de l’Institut de santé globale (ISGlobal) de Barcelone. Concrètement, il y a eu 5 morts en Espagne (au 30 mai 2021), 69 au Royaume-Uni (au 16 juin 2021) et 2 en Australie (au 10 juin 2021). On ne dispose pas de données actualisées ni pour l’Union européenne ni pour les États-Unis.