Il n’existe pas de preuves permettant d’affirmer que les vaccins entraîneraient des saignements spontanés chez les femmes

Ses nombreux cas de saignements vaginaux importants et d’irrégularités du cycle ont été rapportés après la vaccination, mais aucune relation de cause à effet n’a pu être établie jusqu’à présent


Verificat

Un site Internet qui se définit comme catholique s’est fait l’écho des résultats d’un rapport publié par une organisation connue sous le nom d’America’s Frontline Doctors (AFLDS), dans lequel les auteurs affirment avoir « connaissance de milliers de rapports sur des saignements vaginaux, des saignements vaginaux postménopausiques et des fausses couches après la vaccination contre la covid-19 ». C’est TROMPEUR : des nombreux cas de saignements vaginaux importants et d’irrégularités du cycle ont été rapportés après la vaccination, mais aucune relation de cause à effet n’a pu être établie jusqu’à présent.

« L’AFLDS a connaissance de milliers de rapports sur des saignements vaginaux, des saignements vaginaux postménopausiques et des fausses couches après la vaccination contre la covid-19. »

Bien que cela ne figure pas comme effet secondaire dans les prospectus, certains professionnels de santé estiment possible une relation entre les saignements vaginaux et le vaccin contre la covid-19, comme le montre ce commentaire à un article du British Medical Journal qui demande davantage de recherches à ce sujet. Quant au VAERS, le service américain de notification des effets secondaires rapporte « un total de 9000 cas », comme l’indique à Verificat Adelaida Sarukhan, immunologue et rédactrice scientifique de l’Institut de santé globale (ISGlobal) de Barcelone. Ces événements regroupent notamment de forts saignements, des irrégularités du cycle voire même des saignements chez les femmes ménopausées.

Le VAERS n'assure pas l'association causale

Il est important de souligner que les cas rapportés par le VAERS n’impliquent pas d’association causale et il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve scientifique pour soutenir une relation de cause à effet. C’est pourquoi les professionnels insistent pour dire que, pour le moment, « il n’existe que peu de preuves scientifiques, pour ne pas dire aucune, qui relient la vaccination contre la covid-10 à des modifications des saignements menstruels », comme le souligne Josep Perelló, médecin adjoint du Service de gynécologue et d’obstétrique de l’hôpital de Sant Pau (Bacelone) et vice-président de la Société catalane de contraception.

De fait, selon cet expert, « il n’existe aucune preuve scientifique permettant de dire qu’un vaccin conditionne l’altération du saignement menstruel ». Il cite le cas du virus du papillome, pour lequel « on a rapporté des altérations du cycle de saignement » sans qu'« aucune association n’ait pu être établie ».

Changements hormonaux durant le cycle menstruel

Durant le cycle menstruel se produisent une série de changements hormonaux qui aboutissent à la menstruation : « De nombreux facteurs peuvent influer sur ce système hormonal et entraîner une altération du cycle menstruel, ce qui peut entraîner à une absence de menstruation, à une augmentation ou une diminution des saignements ou encore à un saignement intermenstruel, entre autres. L’un des facteurs les plus connus est le stress », détaille l’expert.

Lui aussi a reçu des cas de femmes qui ont rapporté des altérations du cycle de saignement, un fait qui s’était déjà produit « au début de la pandémie, sans qu’on ait pu établir jusqu’à présent d’association claire ». Il est d’avis que ces rapports pourraient être liés à un biais de l’attention : « Les altérations du cycle de saignement sont très fréquentes et c’est pour cela qu’il est courant qu’ils soient signifiés. Généralement, la majorité des femmes ne sont pas autant qu’on le pense dans l’attente de leur cycle de saignement. Lorsque l’on met en place un nouveau traitement ou une étude, dans le cas présent le vaccin contre la covid-19, on prête davantage attention aux possibles effets secondaires qui peuvent survenir.

Pour sa part, Sarukhan considère qu’« il n’y pas eu non plus d’enquête approfondie, et il est probable que les essais cliniques ne se soient pas penchés de manière spécifique sur ce type d’événement ». Les deux experts sont d’accord pour signaler qu’il s’agit d’irrégularités qui sont en tout cas « temporaires » et qu’elles ne constituent pas une raison pour ne pas se vacciner : « Il est certain qu’aucune relation n’a été établie entre l’altération du cycle de saignement et la vaccination contre la covid-19, mais elle devait être établie, elle serait ponctuelle, réversible et sans la moindre conséquence que ce soit pour la santé de la femme », conclut Perelló.